L’amour dans la Sangha

Écrite par la moniale Soeur Hien Nghiem (Soeur Dévouement Véritable)

Ecoute profondément pour mieux aimerL’amitié profonde de la fraternité entre frères et soeurs dans la Sangha est un des plus grands cadeaux qui nous est offert en étant sur ce chemin. Nous ne devrions pas avoir peur de nous aimer les un(e)s les autres, de prendre soin les un(e)s des autres, et d’aller en profondeur. Comme le Bouddha l’a dit un jour,  »L’amitié spirituelle ne constitue pas la moitié de la vie spirituelle; c’est toute la vie spirituelle ».

Si nous nous mettons à sortir avec quelqu’un de la Sangha, nous devons avoir conscience de ce que nous prenons un risque. Si cette relation amoureuse s’effondre et tombe en fracas, nous risquons de perdre tout ce que nous avons en commun, notre amitié spirituelle incluse.

Nous pouvons parcourir un long chemin en nous rapprochant l’un(e) de l’autre et en nous comprenant l’un(e) l’autre sans pourtant aller trop loin. Comme les monastiques peuvent en témoigner, l’amitié spirituelle peut être très profonde sans dimension physiquement intime. Si vous pensez à sortir avec quelqu’un de la Sangha, c’est donc toujours une bonne idée de demander à d’autres ami(e)s de la Sangha ce qu’ils ou elles en pensent, et d’écouter leurs conseils.

 

Allez-y doucement

Notre société a créé une énergie de précipitation en nous et autour de nous. Nous sommes terrifiés à l’idée de ne pas rencontrer l’amour de notre vie, et nous voulons donc maximiser les possibilités, sortir avec autant de personnes que possible, et effacer quelqu’un rapidement de notre liste potentielle. Cette peur, cette énergie qui nous pousse à courir, est une chose avec laquelle nous avons besoin de nous asseoir pendant notre méditation, pour l’identifier, la reconnaître, et pour la regarder en profondeur de façon à pouvoir lâcher prise d’elle.

Combiner l’énergie de la pleine conscience avec la culture des rendez-vous romantiques empressés peut s’avérer être un alliage viril. La pleine conscience nous rend plus sensible, plus bienveillant, nous donne plus de confiance en nous et en l’autre, nous rend plus ouvert. Quand nous sortons avec quelqu’un, notre coeur ira donc en profondeur plus rapidement. Nous sommes plus vulnérable. Nous avons besoin de garder à l’esprit que le Troisième Entraînement à la Pleine Conscience est là pour nous protéger nous-même et pour protéger l’autre personne.

Si l’autre personne est véritablement l’amour de votre vie, vous le saurez et il n’y aura pas besoin de vous dépêcher. Tout est déjà comme cela devrait être, et la relation évoluera avec naturel et beauté, en donnant également naissance à du bon compost tout au long du chemin.

 

Cultiver la Révérence et la Confiance

Au cours d’années récentes, Thây a ajouté la  »confiance » et la  »révérence » aux quatre éléments traditionnels de l’amour véritable (la compassion, la bonté aimante, la joie, et l’inclusivité). Avec les applications comme les sites de rencontres et la culture de la hâte, de la compétition, de la jalousie, et de l’avidité autour des rencontres amoureuses, il est facile de perdre de vue notre nature sacrée et celle de l’autre personne.

Quand nous sortons avec quelqu’un dans la Sangha, nous avons besoin de cultiver la confiance et la révérence. Nous avons besoin de nous respecter l’un(e) l’autre, et d’être quelqu’un en qui les autres peuvent avoir confiance. S’il vous-plaît, ne soyez pas insouciants avec votre corps et vos émotions, ou avec le corps et les émotions de quelqu’un d’autre. Ils sont sacrés, et votre relation en tant qu’amis spirituels est la chose la plus précieuse que vous ayez. Cette amitié est de loin plus précieuse que votre relation romantique elle-même.

Sortir avec quelqu’un et faire du flirt peut être amusant et nous amener un sentiment de légèreté et de joie. Nous nous sentons jeune, vivant, et heureux. Mais nous devrions avoir conscience des énergies d’avidité et de consommation qui ne sont pas si positives et qui peuvent aussi monter en nous. Quand vous sortez avec quelqu’un, ne consommez pas l’autre personne – ne vous dévorez pas l’un(e) l’autre! Respectez le mystère et la souveraineté de chacun(e). Voyez clairement ce que vous êtes en train de faire. Quand vous flirtez avec quelqu’un, soyez conscient du fait que vous êtes en train de flirter, et ayez conscience des risques que vous êtes en train de prendre. Nous savons qu’une relation qui tourne au vinaigre peut nous coûter notre amitié et endommager la Sangha. Ne risquez rien par légèreté. Ne laissez pas les choses survenir par accident. Nous avons besoin d’assumer la responsabilité pour nos actes et pour la direction dans laquelle nous poussons les choses, conscient du fait que l’un(e) de nous (ou les deux) peut être blessé.

Si vous êtes sorti(e) avec une personne dans la Sangha mais que cela n’a pas marché, il est très important d’être respectueux ou respectueuse des besoins de cette dernière avant de sortir avec quelqu’un d’autre de la même Sangha. Si la personne antérieure n’est pas prête pour que nous sortions avec quelqu’un d’autre, nous avons besoin de respecter cela. Il n’y a pas d’urgence. Nous avons besoin de faire attention à ne pas arroser de graines de jalousie, d’insécurité, et de disharmonie dans la Sangha au travers de nos actions. Notre priorité devrait être l’atmosphère collective de la Sangha, et le bien-être de nos amis en tant que camarades dans la pratique.

 

Rupture et trahison dans la Sangha

Si vous avez été blessé(e) ou que vous vous sentez trahi(e) après être sorti(e) avec une personne dans votre Sangha, il y a des chances qu’il y ait en vous un fort désir de fermer la porte de votre coeur et d’abandonner votre Sangha ou votre pratique. Mais il est possible d’apprendre de l’exemple de Thay et de trouver une façon de pratiquer pour garder notre coeur ouvert, quelque soit le degré de notre blessure. Vous aimeriez peut-être lire son poème (qui est maintenant aussi une chanson):

(…) Ma joie est comme le printemps, si chaude
qu’elle fait s’éclore les fleurs tout autour de la Terre.
Ma douleur est comme un fleuve de larmes,
si abondant qu’il remplit les quatre océans.

S’il-te-plaît, appelle-moi par mes vrais noms,
ainsi je pourrai entendre d’un coup mes pleurs et mes rires,
je pourrai voir que ma douleur et ma joie sont une.

S’il-te-plaît, appelle-moi par mes vrais noms,
pour que je m’éveille
et que la porte de mon coeur
s’ouvre à jamais,
la porte de la compassion (*).

En tant que pratiquant, nous nous devons à nous-même de ne jamais abandonner quand il s’agit d’aimer. Il est possible de garder la porte de notre coeur ouverte. Il est possible de pardonner, de guérir, et de devenir plus plein de compassion envers soi-même et les autres.

 

Gardez la communication ouverte

Quand nous sommes blessé, nous voulons naturellement nous fermer et disparaître. Mais être blessé constitue aussi une opportunité de grandir et de nous transformer. Essayez de ne pas accuser. Essayez de comprendre.

La pratique de la pleine conscience et d’autres amis de la Sangha peuvent nous donner le courage et la stabilité dont nous avons besoin pour calmer nos émotions fortes et garder la communication ouverte avec l’autre personne. Quand la communication est ouverte, l’opportunité nous est donnée de comprendre ce que nous avons fait de bien et ce que nous avons fait de mal, ainsi que de voir nos énergies d’habitude avec plus de clarté.

Dès que l’on se met à sortir avec quelqu’un dans la Sangha, l’inter-être devient une réalité concrète. Vous n’êtes plus un soi séparé. Vous êtes deux pratiquants, et vous êtes co-responsables l’un de l’autre, co-responsable de votre continuation sur ce chemin spirituel. Vous ne pouvez pas abandonner l’autre. Si la personne avec qui nous sommes sorti(e) se sent blessée, nous devons aller vers elle et la soutenir spirituellement après que notre relation de couple se soit brisée, de façon à ce qu’elle se sente à l’aise de continuer à venir dans la Sangha. Si cette personne a besoin de plus de notre part, comme plus de communication, plus de compréhension, et plus d’écoute, nous devons être disponible pour cela. Nous ne pouvons pas dire,  »Non, j’ai tourné la page. Toi aussi, tu dois tourner la page. » Nous devons nous investir dans nos relations au sein de la Sangha, et mettre de côté du temps et de l’énergie pour les aider à se développer.

Si nous sommes la personne qui a été blessée, nous avons besoin de trouver un moyen d’utiliser des paroles gentilles et habiles pour le faire savoir à l’autre personne et lui donner l’occasion de voir les conséquences de ses actions et de s’excuser. Nous avons besoin de pratiquer le mantra  »Je suis en train de souffrir; s’il-te-plaît, aide-moi ». Mais nous devrions également reconnaître que nous avons une part de responsabilité dans notre blessure. Nous ne devrions pas trop accuser l’autre personne ou lui en demander trop. Nous ne devrions pas faire de cette personne un otage de notre souffrance. Nous devrions faire attention et éviter de devenir une victime. Avec la pratique, tout est possible. Nous avons le pouvoir de nous libérer de notre blessure.

 

Gardez la pratique vivante

Nous avons besoin de nous souvenir que nous, nous-mêmes, sommes responsables de notre propre bonheur – pas l’autre personne. Tout est boue pour notre lotus.

Nous avons besoin de garder notre pratique vivante au coeur même de la boue d’une relation. Souvenez-vous de toutes les étapes pour embrasser la souffrance avec l’énergie de la pleine-conscience:

 

1ère Étape

Ne faites pas comme si ça ne faisait pas mal quand ça fait vraiment mal – nous avons besoin de pratiquer la reconnaissance de la souffrance. Demandez-vous:  »Comment est-ce que je me sens? Qu’est-ce qui fait mal? » Essayez de nommer la douleur avec plus de clarté: est-ce la déception, est-ce la tristesse, est-ce la colère, est-ce la honte?

 

2ème Étape

Nous avons besoin d’embrasser la souffrance. Embrassez votre enfant intérieur(e) avec tendresse et soin. Permettez à la souffrance d’être là dans votre conscience Continuez à vous présenter aux séances de la Sangha et permettez à l’énergie collective d’embrasser votre douleur. Ne fuyez pas. Suivez votre respiration et restez avec la Sangha. Votre douleur, votre colère, ou votre sentiment de trahison, sont tous impermanents, et peuvent être embrassés et transformés. C’est notre pratique de la pleine-conscience qui peut nous aider à être résilient, à être brave, et à transcender nos limites. Utilisez l’énergie de la pleine conscience pour vous donner la force, le courage, et la stabilité nécessaires pour rester à une session de Sangha à laquelle la personne qui vous a heurté est présente. En même temps, nous devons pratiquer de façon à prendre soin de nous, à avoir de la compassion pour nous-même, et nous protéger.

 

3ème Étape

Ne laissez pas la deuxième flèche vous atteindre. N’exagérez pas et ne rendez pas la situation pire qu’elle ne l’est. Soyez vrai, soyez authentique, et soyez honnête avec vous-même. Restez cool.

 

4ème Étape

Prenez le temps de regarder profondément dans votre souffrance et demandez-vous: pourquoi est-ce que cela fait si mal? Est-ce que j’ai des perceptions erronées? Des attentes irréalistes?

Nous pouvons nous demander à nous-même:  »Qu’est-ce que j’attends? Pourquoi est-ce que je ne suis pas heureuse en ce moment même? ». Il se peut que nous attendions quelque chose de l’autre personne, que cette dernière s’excuse par exemple, ou qu’elle reconnaisse que ce que nous avons vécu ensemble était génial pendant que cela se déroulait encore. Mais, pour une raison quelconque, l’autre personne peut ne pas être en mesure de nous donner cette reconnaissance. Nous n’avons pas besoin d’attendre que l’autre personne fasse ou dise quelque chose pour que nous puissions à nouveau toucher le bonheur. Nous devons nous tourner vers les conditions de bonheur qui sont déjà autour de nous. Et nous devons nous tourner vers les conditions de bonheur qui sont en nous. Peut-être sommes-nous en train de rechercher de l’amour, de l’affection, et de l’approbation de la part de l’autre personne quand nous avons vraiment besoin de nous les offrir à nous-même.

Si nous parvenons à surmonter un désastre relationnel dans notre Sangha, nous devenons en mesure de nous comprendre plus clairement, et nous sommes à même de transformer certaines énergies d’habitude que nous voulions transformer depuis longtemps. Ces habitudes peuvent être celles d’être hypersensible, de désirer ardemment l’intimité relationnelle, de rechercher l’approbation, de vouloir être rassuré, et beaucoup d’autres. En nous libérant de ces habitudes, nous devenons le type de personne que nous aimerions être. Nous devenons plus véritablement nous-même.

 

Sortir avec quelqu’un de la Sangha quand on est facilitateur

En tant que facilitateur, on a une responsabilité particulière dans la Sangha, et un standard plus élevé de conduite morale est attendu de nous. Il peut être difficile d’entendre cela. Il est déjà assez ardu de trouver des facilitateurs, et si une monastique vient dire quelque chose de ce genre, cela va peut-être devenir plus difficile encore!

 »De toute façon, je n’ai jamais voulu faciliter, ce sont eux qui m’ont poussé à le faire! »; c’est ce que nous disons tous, et c’est vrai: notre Sangha a confiance en nous et nous a demandé de le faire. Cela fait partie de notre chemin et de notre mûrissement spirituels. En même temps, quand nous avons bien facilité, nous nous sentons nourri et nous savons que nous avons nourri les autres. Nous grandissons grâce à l’expérience de la facilitation.

Le point clé est qu’après une bonne session, nous ne devrions pas penser que c’est  »nous » qui l’avons fait. Nous n’en retirons pas de fierté; nous nous sentons seulement reconnaissant envers les enseignements et envers nos enseignants, et nous nous sentons heureux d’avoir pu servir, réalisant notre aspiration à amener plus d’amour et de compréhension au monde. Quelques fois au monastère, après une bonne session, les moines et les moniales vont toucher la terre devant l’autel des ancêtres pour en offrir les mérites et les partager tous. Nous ne gardons rien pour nous. Nous ne pensons pas que nous sommes un soi séparé qui aurait agi seul.

En tant que facilitateur, nous avons une responsabilité particulière. Nos amis dans la Sangha mettent leur confiance en nous à ce moment. Les nouveaux arrivants dans la Sangha nous voient incarner les enseignements, les pratiques, et l’énergie collective de la Sangha, et il se peut qu’ils trouvent difficile de distinguer entre ce qui est  »nous » et ce qui est l’énergie de pratique elle-même. Chacun d’entre nous amène sa propre saveur à la pratique, mais pour les autres, il est facile de confondre l’attrait de l’énergie de pleine conscience, de concentration, et de compassion, avec le fait d’être attiré(e) par le facilitateur ou la facilitatrice en tant qu’individu. Cela constitue aussi un défi pour les monastiques. Peut-être que les gens sont attirés par les moines et les moniales parce que l’énergie de compassion et de pleine conscience elle-même est très attirante. Nous avons tous soif de plus d’amour et de compréhension.

En tant que facilitateur ou facilitatrice, ou en tant que frère ou soeur aîné(e) dans la Sangha, nous devons avoir conscience de cela. Nous devons être quelqu’un en qui la Sangha peut avoir confiance. Nous devons suivre le Troisième Entraînement à la Pleine Conscience, et faire d’autant plus attention si nous sortons avec quelqu’un dans la Sangha. Les facilitateur peuvent s’aider les uns les autres dans l’esprit de la fraternité en partageant leurs impressions sur les façons de faire de chacun d’entre eux. Peut-être y a-t-il des choses que les autres voient, mais que nous ne pouvons pas voir nous-même.

 

Prenez refuge dans l’Oeil de la Sangha

Quand nous sortons avec quelqu’un de la Sangha et que cela se passe mal, c’est précisément le moment où nous avons besoin d’être capable de prendre refuge dans la Sangha. Nous ne devrions pas fuir. Nous avons besoin de savoir comment demander du soutien et de l’écoute à nos amis spirituels, mais sans faire tout un drame autour de ce qui nous arrive et sans créer plus de division.

La compassion et l’écoute profonde ne sont pas seulement des idéaux. C’est une pratique concrète que nous nous offrons les un(e)s aux autres dans les moments difficiles. Nous demandons à nos amis de nous écouter avec compassion, de nous aider à embrasser notre douleur, et de nous donner des conseils. Il se peut qu’ils voient les choses différemment, ou qu’ils aient une autre perspective à nous offrir. Il se peut qu’il disent:  »Je pense que tu as besoin de transformer cette énergie d’habitude ». Ou alors  »Tu as besoin de lâcher prise de cela maintenant. » Nous devons les écouter. Et s’ils disent:  »Ce n’est pas si pire que ça après tout. C’est pas grand chose, » nous avons besoin d’écouter cela aussi. Nous devons respecter leurs conseils et pratiquer avec, et ne pas laisser un échec sentimental dans la Sangha créer un désordre général.

Nous devons aussi respecter les limites de nos amis et ne pas leur demander d’écouter au-delà de leur capacité. En fait, peut-être que nous sommes nous-même la personne qui a besoin de nous écouter davantage, profondément à l’intérieur de notre être.

 

Protéger la Sangha

L’harmonie de la Sangha et notre aspiration partagée à créer un environnement de pratique heureux et harmonieux doit être prioritaire. La session de Sangha est un refuge pour tout le monde. Nous avons chacun nos propres défis et difficultés, et la Sangha est un espace neutre où l’on génère l’énergie de pleine conscience et de paix pour que tout le monde puisse guérir et être nourri. Nous ne devrions donc pas trop vider la Sangha de son énergie avec nos chagrins sentimentaux.

Mais s’il y a une tension entre des membres de la Sangha ou s’il y a un éléphant dans la salle à cause d’une situation qui a trait à la romance ou à cause d’une rupture amoureuse, nous ne pouvons pas dire que la Sangha n’a rien à faire avec cela. La Sangha est en train d’être affectée par ce qui se passe. Quelques fois, nous pouvons prendre soin des sentiments douloureux indirectement en ayant une bonne session de pratique qui se déroule dans l’harmonie. Nous permettons à la situation de se faire embrasser par l’énergie collective. Ou, si la situation est en train de créer une disharmonie qui affecte la pratique, alors, nous avons besoin d’amener ce sujet de partage. Si nous sommes impliqué(e) dans la situation en question, quand c’est le bon moment, nous pouvons trouver quelques instants pour dire à toute la Sangha:  »Chers amis, je suis désolé(e) que cela soit arrivé. Voici comment je pratique avec cette situation et voici les défis qui sont encore là pour moi. »

Nous ne devons pas laisser une relation de couple qui a échoué devenir un bloc de glace dans la dynamique de la Sangha qui affecte l’énergie collective. Mais quand nous partageons à ce propos, nous le faisons d’une manière habile. Nous restons discret. C’est la façon de nous respecter nous-même et de respecter l’autre personne. Nous allons vers d’autres membres de la Sangha pour recevoir leur visions profondes, et nous savons qu’ils vont les offrir avec compassion et compréhension, et que nous serons capable de surmonter cette situation ensemble.  

 

Annexe

* Version complète du poème de Thay dont on a mis un extrait plus haut, tiré du recueil des oeuvres poétiques de Thich Nhat Hanh, Une flèche, deux illusions :

S’il te plaît, appelle-moi par mes vrais noms

Ne dis pas que je partirai demain
même aujourd’hui j’arrive encore.

Regarde profondément : j’arrive à chaque seconde
pour être un bourgeon sur une branche printanière,
pour être un petit oiseau, aux ailes encore fragiles,
qui apprend à chanter dans son nouveau nid,
pour être une chenille au coeur d’une fleur,
pour être un joyau qui se cache dans une pierre.

J’arrive encore, pour rire et pour pleurer,
pour craindre et pour espérer.
Le rythme de mon coeur est la naissance et la mort
de tout ce qui vit.

Je suis un éphémère qui se métamorphose
à la surface d’un fleuve.
Et je suis l’oiseau
qui descend en piqué pour avaler l’éphémère.

Je suis une grenouille qui nage avec bonheur
dans les eaux claires d’une mare.
Et je suis la couleuvre
qui se nourrit en silence de la grenouille.

Je suis l’enfant en Ouganda, la peau sur les os,
mes jambes fines comme des bambous.
Et je suis le marchand d’armes
qui vend des engins de mort à l’Ouganda.

Je suis la fillette de douze ans,
réfugiée sur un petit bateau
qui se jette à la mer
après avoir été violée par un pirate.
Et je suis le pirate,
mon coeur encore incapable
de voir et d’aimer.

Je suis un membre du Potiburo,
du pouvoir plein les mains.
Et je suis l’homme qui doit payer
sa  »dette de sang » à mon peuple
en mourant lentement dans un camp de travaux forcés.

Ma joie est comme le printemps, si chaude
qu’elle fait s’éclore les fleurs tout autour de la Terre.
Ma douleur est comme un fleuve de larmes,
si abondant qu’il remplit les quatre océans.

S’il-te-plaît, appelle-moi par mes vrais noms,
ainsi je pourrai entendre d’un coup mes pleurs et mes rires,
je pourrai voir que ma douleur et ma joie sont une.

S’il-te-plaît, appelle-moi par mes vrais noms,
pour que je m’éveille
et que la porte de mon coeur
s’ouvre à jamais,
la porte de la compassion.

Le pardon

par Jonathan Borella En tant qu’étudiants du Dharma, nous pratiquons de façon à faire grandir notre compassion. Le Soutra de l’Amour nous […]

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