L’amour, et mon rêve pour la communauté

Par le Frère Monastique Phap Man

wake-up-sologne-phap-manEn tant que moine, la chose la plus importante que j’ai apprise au sujet des rapports relationnels est de ne pas avoir peur d’être blessé par l’amour. C’est ce qu’il y a de plus difficile. C’est continuer à aimer après avoir eu mal, rester ouvert et approcher ses sentiments avec ouverture et gentillesse, quoi qu’il ait pu arriver par le passé. Nous pouvons utiliser la bonté aimante comme un présent, et s’il y a de la douleur, c’est aussi un présent. Nous pouvons utiliser ces éléments pour nous ouvrir à nouveau avec compassion, afin de pouvoir nous aimer nous-même de façon plus pleine. Nous ne savons jamais ce qu’est au juste la chose que nous allons apprendre au sein d’une relation.

Je pense que nous devons approcher la pratique comme l’amour véritable. Ce n’est pas se dire  »Oh, je vais pratiquer 10 ou 45 minutes aujourd’hui et alors tout ira bien. » C’est plutôt être établi dans le moment présent avec les gens, l’environnement, et nous-même. C’est aussi permettre à ce qui est là de se dérouler dans l’espace de la pratique et de la pleine conscience, que ce soit quelque chose de joyeux et de remplissant, ou quelque chose de douloureux. Nous respirons de façon à permettre aux choses d’exister, de façon à les reconnaître et à leur être présent, à entrer en contact profond, et à apprendre.

Je pense que c’est aussi mon expérience: le plus on peut s’aimer soi-même, le plus on peut aimer les autres. En étant en relation avec les autres, on apprend sur soi, ce qui permet d’avoir des relations plus profondes et plus saines avec les autres. C’est pour cela que je partage en disant que la chose la plus importante est de permettre. Ne laissez pas la peur bloquer votre chemin.

Mon plus grand rêve pour la pratique et la communauté est de vraiment permettre à l’enseignement et à la pratique de se développer avec liberté et fluidité, afin qu’ils puissent devenir plus beaux et plus enrichissants, plus appropriés à notre époque et à notre environnement, à nos sociétés, à nos peuples. Je vois ce qui est en train d’avoir lieu dans le monde, et qui consiste en la connexion qui se développe entre les cultures. C’est une époque de partage et de réunion. C’est également une époque très inspirante parce que nous sommes aussi en train d’en apprendre au sujet de l’esprit et du cerveau à travers la science. Nous avons donc l’occasion de vraiment harmoniser la pratique avec ce qui fonctionne et ce que nous avons compris de par la science et les traditions. Nous sommes aussi témoins de la rencontre et du soutien mutuel que se portent les uns aux autres les différents groupes religieux. Nous voyons la nature universelle de la pratique et de la vérité spirituelle et religieuse.

En même temps, nous sommes témoins de conflits croissants. La Terre rétrécit et les ressources se font rares. Les extrêmes de la richesse et de la pauvreté augmentent, alors que nous continuons à prendre beaucoup plus que ce dont nous avons besoin et que nous vivons dans la disharmonie avec nous-mêmes et l’environnement. Nous traversons une époque où la pratique est très précieuse pour tout le monde sur Terre. Mon seul souhait est que tout le monde ait l’opportunité d’être en contact avec les pratiques qui leur soient bénéfiques, qui ouvrent le chemin de la transformation et de la guérison. Je veux que ce chemin soit accessible et je veux qu’on continue à l’ouvrir, à l’explorer, et à l’enrichir ensemble. Mon expérience me dit que c’est seulement quand elle prend place au sein d’une communauté vivante fondée sur l’amour que la pratique fonctionne -cela nous ramène à l’amour!

Voilà qui devrait être l’horizon de tout ce que nous pourrions faire. Le type de connexion et de compréhension auquel nous aspirons est disponible dans notre vie quotidienne avec les personnes qui nous entourent. Cela constitue une grande voie d’exploration pour nous, et il y a certaines conditions qui la rendent possible. Il est difficile de marcher sur un chemin d’amour et de compréhension quand on n’a pas assez à manger ou qu’on vit sur ou à proximité d’une zone de combats. Nous devons regarder en chacune de ces conditions et donner aux jeunes l’occasion de faire les choses ensemble; aux jeunes qui aimeraient guérir certaines de ces conditions pour notre planète et nous-même. Nous pouvons vivre ce rêve commun à l’humanité d’accomplir notre potentiel, qui a beaucoup à voir avec notre capacité à aimer, à prendre soin, et à être de bons régisseurs de nous-même et de toute forme de vie.

À un certain moment, Thây a parlé d’une conversation qu’il a eu avec la Terre et de son sentiment de liaison avec elle. Il disait à la Terre  »Tu peux compter sur moi. » Cela résonne vraiment en moi à présent. Une grande motivation dans ma pratique est de devenir cette personne fiable et stable sur laquelle la Terre peut compter, et d’ouvrir la porte pour que d’autres deviennent des régisseurs. Ressentir cette unité avec la Terre. Pas de façon abstraite comme en pensant  »Oh, j’aime la Terre », mais au sein d’une liaison intime et réelle et d’un sens profond de me sentir épris de la Terre  Mère, du vent, du ciel, du sol, de la pluie, des plantes et des animaux, de la Terre en nos enseignants et amis.

À quelqu’un qui n’a jamais entendu parlé de Wake Up, j’aimerais dire: Wake Up fait toutes les choses que tu aimes, mais d’une façon qui les rend 10 fois plus profondes et plus pleines de sens parce que tu sais à quel point ces choses sont précieuses. Il ne s’agit pas de faire des choses différentes dans une communauté Wake Up (bien qu’on fasse différemment les choses) mais de faire ce qu’on veut vraiment faire et de le faire de façon à ce qu’on puisse en bénéficier; nous sommes vraiment présents. Peut-être qu’on voit de nouvelles choses qu’on ne voyait pas avant et on voit aussi, quand on regarde ensemble, qu’il y a tant de possibilités. Je mettrais l’accent sur le fait que la communauté est comme un dynamo qui rend possible des choses qu’on n’aurait jamais imaginées possibles, et qui nous permet de faire ensemble les choses qu’on aime vraiment et de les enrichir, même les choses les plus simples qu’on fait.

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