Méditer en prison

prisonJ’ai été marqué par plusieurs documentaires dans ma vie. D’eux d’entre eux traitaient de la méditation en prison : « Doing Time, Doing Vipassana » et « The Dhamma Brothers ». Après les avoir vu, j’ai voulu emprunter cette voie.

Quand j’étais encore en France, j’ai eu la chance d’être bénévole au GENEPI, une association étudiante militante qui permet d’organiser des activités en prison en France. Pendant près d’un an, à chaque semaine, j’ai été à la Maison d’Arrêt (peine de moins de deux ans « théoriquement ») d’Osny avec plusieurs amis. Nous avons animé des activités d’histoire de l’art et je me suis rendu compte de la facilité que nous avions à échanger avec les personnes détenues. Quelque chose venait de s’allumer en moi. En septembre 2014, j’ai commencé des études de criminologie à l’Université de Montréal. J’étais très curieux des milieux de pratique et j’ai décidé de m’investir dans une maison de transition, un lieu où les personnes qui viennent de sortir de prison peuvent être assignés avant de rejoindre la communauté. Avec deux amies, nous prenions part aux soirées communautaires toutes les semaines. Un soir, je suis venu avec des bancs de méditation et j’ai proposé une pratique de quelques minutes. Plusieurs personnes sont venues et ont témoigné avoir apprécié l’expérience. J’étais encore peu sûr de moi et j’ai attendu quelques mois.

L’été suivant, au cours d’une retraite au Village des Pruniers, j’ai rencontré plusieurs méditants qui proposaient des pratiques de méditation et de yoga dans le sud de la France. Je me suis alors dit : pourquoi pas moi ? De retour à Montréal, j’ai cherché à créer un groupe à la prison provinciale (peines de moins de deux ans). Ça n’a pas marché. Quelques semaines après cette tentative, j’ai été à une pratique de méditation offerte par Voie Boréale, une Sangha dans la tradition de l’Insight Meditation Society / Moines de la forêt. A la fin de la soirée, j’ai appris qu’un groupe intervenait dans un pénitencier (peines de plus de deux ans). J’ai sauté sur l’occasion. J’ai participé à une rencontre d’information, envoyé tous les papiers nécessaires dont un extrait de casier judiciaire (vierge ^^) et dès la fin septembre 2015, j’ai eu l’occasion de me rendre pour la première fois dans un pénitencier pour pratiquer la méditation.

La première fois que j’ai vu les murs du pénitencier, j’ai été frappé par la superficie et le niveau de sécurité de l’établissement. En France, l’établissement où je me rendais était aussi très sécuritaire mais moins imposant par sa taille. De plus, nous traversons des espaces verts pour nous rendre dans le lieu de pratique, l’église du pénitencier, alors qu’en France, je n’ai jamais eu l’occasion d’aller dans les cours de promenade. L’aménagement était totalement différent. Le groupe vient très régulièrement et propose une pratique que l’on retrouve dans la tradition des pruniers : une méditation guidée ou silencieuse de 30 minutes, une marche méditative, un enseignement et un partage informel en petits groupes. J’ai rapidement été frappé par le sérieux de la pratique des personnes qui participaient, l’engagement total des services d’aumônerie, l’accueil bienveillant à la fois des agents correctionnels, du personnel du pénitencier et des personnes détenues.

Motivé par cette pratique et aidé par ma responsable des études à l’université, j’ai commencé au trimestre d’hiver 2015 une pratique avec des familles de personnes détenues. En février, j’ai été invité à venir quatre fois pour proposer des séances de méditation de deux heures. L’engouement a été tel que j’ai désormais l’occasion de m’y rendre une fois par mois. Au mois de mars, j’ai eu l’occasion de me rendre dans une nouvelle maison de transition, à Québec, où j’ai proposé deux séances de 2 et 3 heures de méditation (soit 5h dans la même journée) à des personnes qui venaient de sortir du pénitencier. La première séance était ouverte à tous ceux qui voulaient y participer et la seconde à des participants d’un groupe de réduction de la violence. Le deuxième groupe croyait que ce serait une conférence sur la méditation et ils ont été très surpris lorsque j’ai sorti les bancs de méditation. Alors qu’ils étaient assez agités au début, ils se sont rapidement pris au jeu et sont mêmes restés 20 minutes de plus, soit une pratique de 3h20 avec des personnes qui vivent beaucoup d’impulsivité dans leur quotidien. Ils ont offert au groupe des témoignages très inspirants et j’ai été surpris de la douceur qui flottait dans la salle après la pratique.

A la rentrée de septembre, je serai en stage dans un centre pour adolescents présentant des problèmes de consommation de drogue. Je suis en train de réfléchir à un programme de méditation que je pourrais proposer aux jeunes qui seront présents et je m’intéresse à offrir aussi une pratique pour les intervenants. J’aimerais avoir l’occasion de faire des pratiques en psychiatrie, en soins palliatifs, en gériatrie, avec les personnes victimes d’actes criminels, avec les intervenants et professionnels de métiers de relation d’aide.

Alexis

Wake Up Montréal

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