Écrit par Maarten Hunink (en anglais)
Et qu’a-t-elle à voir avec la soupe à la tomate?
C’est ce que j’étais en train de me demander après avoir été au Village des Pruniers pendant deux semaines, et non sans surprise, puisque cela fait désormais des années que je pratique la méditation.
Ou peut-être faudrait-il dire pour être plus juste: que je pratique ce que je pense être la méditation…
Tout a commencé avec une conversation après le dîner. D’autres visiteurs et moi restions assis à notre table après avoir fini de manger et un des moines était avec nous. Il semblait souvent prendre plaisir à bavarder avec nous. Auparavant, lui parler m’avait aidé à comprendre pourquoi les moines sont célibataires, quelle est la fonction des préceptes, ce qu’il y a à faire quand on voit une fille et qu’on ne sent rien d’autre que le désir sexuel, etc…
Mais ce soir là, c’était de la méditation assise qu’il s’agissait puisqu’un de mes camarades de chambre se demandait s’il était toujours en train de méditer quand il se mettait à penser de façon aléatoire pendant l’assise méditative. Le moine dit « Non, dans ce cas tu penses, c’est tout. » La conversation continue; à un moment, l’un de nous se souvint d’un exemple donné par Thich Nhat Hanh sur ce qu’il y avait à faire quand on se mettait à penser à la soupe à la tomate pendant sa méditation. Au bout d’un moment, nous avons trouvé:
Je l’interrogeai au sujet de quelque chose qui m’avait tapé sur les nerfs durant les jours précédents suite à un enseignement offert par l’un des moines aînés et qui portait en partie sur la façon « d’arrêter de penser ». Je ne comprenais pas cela parce qu’à chaque fois que j’essayais d’arrêter de penser, c’était un échec. Les pensées continuent de me traverser le cerveau et cela me rend frustré et irrité. Au bout d’un moment, j’abandonne complètement.
Le moine qui se trouvait à notre table répondit: « Peut-être que ton idée de ‘ne pas penser’ n’est pas vraiment ‘ne pas penser’. C’est comme avec beaucoup de choses comme le bonheur, l’amour etc… Tu peux avoir une idée de ce qu’est le bonheur et tu essayes de l’atteindre. Mais que se passe-t-il si ton idée du bonheur est erronée? Peut-être que le bonheur est passé tout près de toi, mais tu ne l’a jamais remarqué parce que tu pensais qu’il était différent de ce que tu voyais? »
Honnêtement, cette réponse m’a un peu fait flipper parce que, et si -en effet- « ne pas penser » était quelque chose d’autre? Et si « ne pas penser » avait une apparence différente et était une expérience différente? J’étais sûr que je savais ce qu’était »ne pas penser » mais si ce n’était pas ça? Et pour commencer, pourquoi est-ce que je suis si sûr de ce qu’est « ne pas penser »? Et que se passe-t-il si j’accepte qu’en fait, je ne sais pas ce que c’est?
Au lieu de la réponse claire que je voulais pour ma question, j’obtiens « ne pas savoir. » J’eus le sentiment qu’un espace s’ouvrit dans mon esprit à l’endroit où cette idée fixe avait été auparavant. Tout à coup, je me sentis libre, libre de simplement faire l’expérience de et découvrir ce que pouvait être »ne pas penser » sans en avoir une idée prédéfinie.
Ensuite, je suis demandé « Qu’est-ce que je pense être la méditation? » Pourquoi est-ce que je pense cela? Et si c’était en fait quelque chose d’autre? Cela me fit sourire parce que je ressentis un tel enthousiasme d’essayer de le découvrir, comme si tout cela était nouveau, frais, à nouveau une première expérience. Et en même temps, je sentis la liberté de ne pas avoir à savoir, peut-être de ne jamais avoir à savoir. De ne jamais avoir à savoir quoi que ce soit avec certitude, mais de simplement faire l’expérience de la vie avec une curiosité d’enfant.