Cher Thich Nhat Hanh,
Tout d’abord et par-dessus tout, merci pour tout. Et Rien, d’ailleurs. Il est probable que nous ne nous rencontrerons jamais, mais je vous serai éternellement reconnaissant pour tout le travail que vous avez fait pour amener la pleine conscience en Occident. Je traversais une période noire au moment où je suis pour la première fois entré en contact avec vos enseignements, à l’âge de 22 ans.
J’étais un Athée des plus cyniques, mais j’étais curieux de la méditation et de ce qu’elle pourrait m’offrir. En quittant votre monastère de Deer Park après la retraite de cinq jours pour les jeunes adultes offerte en 2012, je me dis que je venais peut-être d’être mis en contact avec un culte; j’aurais jugé suspect toute personne qui aurait fait preuve de dévotion envers quelque chose qui la dépasse: tel était l’état de ma noirceur.
Fin 2013, je traversai une expérience difficile qui me força à remettre en question ma vision cynique du monde. Du fait de certains choix que je fis, je me retrouvai sans domicile fixe, vivant dans ma voiture pendant plusieurs mois. À force de prendre mes repas à la soupe populaire, je devins triste en voyant la souffrance qui se manifestait dans les gens qui m’entouraient. Je développais un certain niveau de bonté-aimante pour mes semblables. Ma propre souffrance me força à revenir sur l’enseignement de la méditation que j’avais appris de vos moines et de vos moniales quelque temps auparavant pour surmonter le caractère désespéré qui était perçu de ma situation. Même si je n’étais pas prêt pour la pleine floraison de ces enseignements au moment où je les appris pour la première fois, ces graines de lotus prirent finalement racine dans la boue qu’était devenue ma vie quelque temps après mon départ du monastère.
Le temps est venu où je finis par transcender cette expérience difficile, mais j’ai toujours gardé les leçons que j’ai apprises pendant cette période grise. Je suis retourné dans votre monastère durant l’été 2014 avec des yeux nouveaux. J’avais d’abord vu votre groupe comme quelque chose de négatif, mais désormais, je voyais une sangha composée de personnes qui se soutenaient les unes les autres. J’étais entouré par une communauté de gens qui chantaient et méditaient ensemble où chacun apportait de la force et en retirait des autres de la façon la plus fervente. J’appris que nous souffrions tous et que nous étions tous capables de faire preuve de bonté aimante. Auparavant, j’étais si effrayé par mes confrères du fait de la douleur que je portais, que j’ignorais la beauté qui m’entourait.
J’ai depuis cela assisté à deux autres retraites et je projète d’assister à beaucoup d’autres. J’ai trouvé une Sangha locale de votre tradition. Je me réunie avec des amis pour méditer et surmonter les épreuves de la vie auxquelles tout le monde fait face, ensemble. J’ai tant appris et mon caractère s’est adouci.
Thay, vous n’êtes pas la raison d’être absolue, mais vous m’avez mis en route sur un chemin spirituel, ce pour quoi je suis éternellement reconnaissant. Je sais que votre santé vous met à l’épreuve maintenant que vous avez 89 ans et j’espère seulement que vous faites face à ce qui survient, quoi que cela puisse être, dans la paix.
Avec l’amour de votre étudiant,
Ryan McLaren
Ryan McLaren est un étudiant à temps partiel à l’Université d’Etat de San Jose. Il s’adonne à plusieurs passions, dont la méditation, la musique, et les arts martiaux. En 2015, après s’être remis d’une intervention chirurgicale au coude, il devint champion national avec la médaille de bronze dans la division novice des poids de 198 livres, lors du Championnat Senior National de Judo à Irving, au Texas.